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Bataille
Bataille de Roosebeke (1382)

Philippe le Hardi sécurise son héritage flamand.

Bataille de Roosebeke (1382)

Informations sur la bataille

  • Westrozebeke (appelé Roosebeke par les Français)
Quand
27 novembre 1382
Conflit
  • Révolte des Chaperons blancs (1379-1385)
Parties belligérantes
Villes flamandes (conduites par Gand)
  • Comté de Flandre
  • Duché de Bourgogne
  • Royaume de France
Forces en présence
entre 25 000 et 35 000
entre 10 000 et 15 000
Victimes
plus de 20 000
une centaine
Chefs des armées
Philippe d'Artevelde
  • Charles VI de France
  • Olivier de Clisson
  • Philippe le Hardi
  • Louis II de Maele

Synopsis

En 1379, les principales villes du comté de Flandre sont en désaccord avec leur comte, Louis II de Maele, depuis un certain temps. Les guildes des villes prospères réclament davantage de pouvoir. De plus, le comté fait partie du royaume de France, alors impliqué dans la guerre de Cent Ans avec l'Angleterre, alors que les villes flamandes entretiennent d'excellents contacts avec les Anglais pour des raisons économiques.
L'arrestation d'un Gantois le 5 septembre 1379, en violation directe des privilèges de la ville, et le meurtre du chevalier Rogier van Outrive, bailli du comte, provoque la rébellion gantoise, dite des chaperons blancs (1379 -1385), d'après les coiffes adoptées par les artisans insurgés. Elle est menée par Philippe van Artevelde, fils de Jacob van Artevelde qui fut lui-même à la tête d'un soulèvement antérieur. Bientôt, la plupart des autres villes du comté se joignent à la révolte.

Après avoir tenté à plusieurs reprises de mettre fin à la rébellion de ses sujets, Louis de Maele est vaincu à la bataille de Beverhoutsveld (3 mai 1382). Le comte est constraint de trouver refuge à Lille. Il appelle à la rescousse Philippe le Hardi, duc de Bourgogne mais surtout époux de sa seule héritière, sa fille Marguerite, et donc son gendre. À cette époque, Philippe est l'un des régents de France, pour son neveu mineur, Charles VI, alors âgé de 14 ans. En tant que roi de France, ce dernier est suzerain de la Flandre et de la Bourgogne. De sa position de régent, Philippe le convainc aisément d'intervenir contre les Gantois, dont la révolte pourrait faire tache d'huile dans les villes françaises et donner des idées aux classes bourgeoises, souvent avides de pouvoir. En acceptant ainsi de prêter main-forte à son beau-père, Philippe fait moins preuve de générosité que de calcul: il sécurise son héritage flamand...

Malgré l'approche de l'hiver - une période durant laquelle, traditionnellement, aucun combat n'a lieu - l'armée française entre en action, probablement dans une volonté d'anticiper une intervention anglaise en faveur de Gand et des autres villes flamandes.

Alors que Van Artevelde assiège Audenarde, restée fidèle au comte Louis, l’armée française traverse la Lys pour attaquer Ypres. Peu à peu, les villes flamandes commencent à tourner le dos aux Gantois.

Philippe Van Artevelde, apprenant l’approche des troupes de Charles VI, met son armée en ordre de marche et avance vers l'ouest pour affronter l'armée française dans la plaine au nord d'Ypres. Il n'avait pas cessé de pleuvoir depuis la fin du mois d'octobre. Au crépuscule du 25 novembre, les Flamands, qui ont parcouru une soixantaine de kilomètres sur des routes boueuses, s'arrêtent sur la crête du Goudberg, juste au sud du village de Westrozebeke (Roosebeke pour les Français) et commencent à s’y retrancher. Le lendemain, l’armée française, en ordre de bataille, arrive sur la plaine détrempée devant les positions flamandes.

enluminure de la bataille de Rosebeeke

Au matin du 27, environ 300 mètres séparent les deux armées, dissimulées par un épais brouillard. Convaincu de pouvoir réitérer le succès de Beverhoutsveld, Philippe d'Artevelde utilise la même stratégie. Après des tirs de bombardes et d’archerie, le chef gantois passe à l’attaque. Dans un premier temps, le centre français cède sous le choc. L’attaque téméraire créé néanmoins un espace sur les flancs flamands dans lequel peut s’engouffrer la cavalerie française qui attend son heure.

Attaqués sur leurs arrières non protégés, les Flamands sont débordés. Les Français se livrent alors à un massacre méthodique. Encerclés et paniqués, les Flamands rompent leur lignes et prennent la fuite. Le massacre se poursuit jusqu'à la tombée de la nuit.
En moins de deux heures, la bataille a fait une centaine de victimes françaises pour plusieurs milliers de morts du côté flamand. Beaucoup de soldats flamands meurent piétinés et étouffés par leurs compagnons d’armes qui tentent de s’enfuir. Le corps de Philippe Van Artevelde, identifié par un jeune prisonnier flamand blessé, est retrouvé dans un fossé. Il avait été étouffé sous les cadavres de ses gardes du corps. Charles VI le fait pendre à un arbre.

Enluminure illustrant la bataille de Roosebeke

La bataille de Roosebeke est suivie par l'effondrement de la rébellion dans toute la Flandre. À Audenarde, la plupart des soldats des lignes de siège flamandes abandonnent leur poste dès qu'arrive la nouvelle de la défaite. À Courtrai, saccagée le jour même de la bataille, les Français auraient récupéré les éperons exposés sur place après la bataille des Eperons d’or (1302) pour les ramener à la basilique de Saint Denis, près de Paris. Sans l'intervention du comte, Bruges, la ville la plus riche de Flandre, aurait subi le même sort. Ce dernier persuade le roi de France d'accepter la soumission de la ville, moyennant des conditions sévères : le versement d'une indemnité de 120 000 francs, l'engagement de réparer les dommages causés aux biens du comte dans la ville et la promesse de rompre toute relation avec les Anglais.
Seule la ville de Gand poursuit la résistance pendant près de trois ans, sous la houlette de l'un des capitaines de Philippe van Artevelde, Pierre Dubois. Le 18 décembre 1385, la paix est conclue à Tournai entre les Gantois et le Bourguignon Philippe le Hardi, qui avait succédé deux ans plus tôt à son beau-père, Louis de Maele.

 

Auteur : Simon Cools, étudiant en master d’histoire à l’UCL

 

Littérature

  • GARNIER Jacques, TULLARD Jean, Le dictionnaire des guerres et batailles de l'histoire de France, Paris : Perrin, 2004.
  • BEAUNE Colette, ALLIROT Anne-Hélène, Une histoire pour un royaume, XIIe-XVe siècle : actes du colloque Corpus Regni, Paris : Perrin, 2010.
  • GUYOT-BACHY Isabelle, La Flandre et les Flamands au miroir des historiens du royaume (Xe-XVe siècle), Villeneuve d'Ascq : Presses universitaires du Septentrion, 2017.
  • FROISSART Jean, POULET Denise (ed.) et SOMMÉ Monique (ed.), Chroniques de Flandre, de Hainaut et d'Artois au temps de la guerre de Cent Ans : (1328-1390), La Ferté-Milon : Corps 9, 1986.
  • AUTRAND Françoise, Charles VI : la folie du roi, Paris : Fayard, 1986.
  • SUMPTION Jonathan, Hundred Years War Vol. 3: Divided Houses, Londres : Faber & Faber, 2009.
  • TUCHMAN Barbara W., A Distant Mirror: The Calamitous 14th Century, New York : Ballantine Books, 1987.