Informations sur la bataille
- Leuze-en-Hainaut
- Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697)
France
|
|
|
---|---|---|
Forces en présence |
28 escadrons (2500 hommes - cavalerie)
|
|
Victimes |
env. 630 morts et blessés
|
|
Chefs des armées |
François-Henri de Montmorency-Bouteville, duc de Piney-Luxembourg
|
|
Synopsis
La guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697), aussi dénommée « Guerre de Neuf Ans », trouvait son origine dans la politique agressive du roi de France, Louis XIV, dit le Roi-Soleil, à l’égard des grandes nations européennes, dont le Saint-Empire germanique et l’Angleterre du nouveau roi Guillaume III (prince d’Orange, Stathouder au sein de la République et, depuis 1689, roi d’Angleterre). En septembre 1688, le monarque français débuta les hostilités par l’invasion du Palatinat. Le pillage fut général et les nombreuses destructions commises à Worms, Spire et Heidelberg poussèrent les nations européennes à se rassembler dès le mois de mai 1689 en une nouvelle coalition, la Ligue d’Augsbourg. Ce nouveau conflit se déroula principalement en Europe mais aussi sur les mers environnantes.
Les Pays-Bas espagnols, furent le sanglant théâtre de nombreux affrontements avec les batailles de Walcourt (1689), de Fleurus (1690), du combat de Leuze (1691), de la bataille de Steenkerque (1692), et des sièges de Mons (1691), de Namur (1692 et 1695), de Charleroi (1693) et le bombardement destructeur de Bruxelles (1695).
Lors de la campagne de 1691 dans les Pays-Bas espagnols, le roi Louis XIV fait assiéger au mois de mars la ville de Mons par une armée de 46 000 hommes aux ordres du maréchal de Boufflers. Au terme d’un siège rondement mené, la place capitule le 8 avril 1691. Poursuivant leurs opérations, les Français s’emparent par la suite de la ville de Hal mais évitent d’assiéger Bruxelles, protégée par les troupes de Guillaume III.
À la fin de cette campagne militaire indécise, les belligérants se retrouvent, à la mi-septembre, face à face, positionnés dans le Hainaut.
Menée par le prince de Waldeck, l’armée coalisée est disposée au 17 septembre entre la ville de Leuze et le ruisseau de la Catoire, proche du petit village de Ligne. Les Français, pour leur part, campent entre Lessines et l’Escaut. Pressentant un prochain repli de l’armée coalisée vers Cambron, le duc de Piney-Luxembourg – connu sous le nom « maréchal de Luxembourg » – commandant les Français, projette de surprendre ses ennemis lors de leur repli par les ponts du ruisseau de La Catoire.
Au soir du 18 septembre, Luxembourg envoie en reconnaissance vers Leuze un détachement de 400 cavaliers de la Maison du Roi et de cavalerie légère, aux ordres du lieutenant-colonel de Marcilly. Lui-même, au matin du 19 septembre, se met en marche, précédé par une avant-garde, commandée par le marquis de Villars.
Durant sa marche, le maréchal de Luxembourg est informé que le gros de l’armée ennemie a bien entamé depuis l’aube son repli au-delà de La Catoire afin de rejoindre la plaine de Cambron mais qu’une arrière-garde de 14 à 15 escadrons est toujours présente sur la rive gauche. Pressant le mouvement de ses escadrons, il rejoint vers midi le marquis de Villars face à l’arrière-garde alliée ; Luxembourg fait aussitôt placer ses escadrons sur deux lignes. Il positionne de même, sur sa droite, les deux régiments de dragons (le régiment des dragons du Roi et le régiment du comte de Tessé) près du ruisseau de La Catoire. Croyant d’abord à l’arrivée d’un simple corps de reconnaissance, venu de St-Ghislain, les Alliés se rendent alors compte, à leur grande stupeur, qu’il s’agit d’effectifs beaucoup plus plus importants.
Sans perdre de temps, le comte de Tilly, commandant de l’arrière-garde, en informe le prince de Waldeck et le prie d’envoyer des renforts. Le général hollandais dispose ses escadrons sur deux lignes face aux Français, sur un sol plus élevé, entre les ruisseaux de Leuze et de La Catoire. Cinq bataillons d’infanterie viennent également se placer sur la gauche alliée, près du ruisseau de la Catoire, où ils se heurtent aux deux régiments de dragons ennemis. Menés par les généraux Ouwerkerk et Obdam, des escadrons alliés arrivent bientôt, formant un dispositif défensif de trois nouvelles lignes de cavalerie.
publiée par P. Mortier, Amsterdam, 1700 - source : collection Ph. Cherequefosse
Jugeant qu’il est temps d’agir, le maréchal de Luxembourg donne l’ordre, en début d’après-midi, à sa première ligne d’attaque, formée des gardes du corps et des 3 escadrons (du régiment du comte de Mérinville), de mener la charge. D’abord ralentie par les décharges de la cavalerie ennemie, la première ligne française aborde avec détermination les deux premiers rangs alliés et les culbute, semant mort et confusion. Le comte de Tilly est blessé.
La troisième ligne alliée est bientôt menacée mais, sur l’ordre du maréchal de Luxembourg, les escadrons français sont appelés à se rallier et à laisser place à une seconde ligne de cavalerie, formée des escadrons de la gendarmerie et de la brigade de Quadt. Cette nouvelle charge enfonce les trois dernières formations des alliés et les repousse au-delà de la Catoire.
Voyant paraître de nombreux renforts ennemis, Luxembourg donne cependant l’ordre de cesser le combat et de se rallier. Sévèrement étrillée par les Français, l’armée alliée cesse également tout combat et ne songe plus qu’à se replier vers Cambron. Durant deux heures, les Français restent maître du champ de bataille, relèvent les blessés et comptent les pertes. Le soir tombe lorsqu’ils se replient à leur tour vers Tournai.
La bravoure déployée par 28 escadrons français (22 qui menèrent les charges et 6 escadrons de dragons luttant près de La Catoire) contre une force de quelque 72 à 75 escadrons et 5 bataillons ennemis, fit du combat de Leuze ou de La Catoire, un retentissant fait d’armes pour la Maison du Roi et sa cavalerie. Les Français subirent toutefois une perte de quelque 630 tués et blessés; les coalisés, de quelque 1500 tués-blessés et de 400 prisonniers. Selon certaines sources, le camp allié aurait perdu 40 étendards et deux paires de timbales.
Pour commémorer cette illustre victoire, le roi Louis XIV fit frapper en 1700 une médaille, représentant un garde du corps de la Maison du roi sur le champ de bataille ; un tableau, oeuvre du peintre Joseph Parrocel (1646-1704), fut également commandé et placé dans la salle des gardes du château de Versailles en hommage à la conduite des gardes et de la Maison du Roi.
© Joseph Parrocel, Public domain, via Wikimedia Commons
Après neuf longues années de guerre, ce sanglant conflit s’acheva en septembre 1697, par la signature d’un traité de paix, conclu à Ryswick, qui mit un frein à la politique agressive du Roi-Soleil et l’obligea à rendre ses conquêtes et à ne plus intervenir dans les affaires britanniques.
Auteur : Alain Tripnaux, historien, président de l’ASBL Le Tricorne
Literatuur:
- Le Mercure galant, septembre 1691, Lyon : Chez Thomas Amaulry, 1691, pp.119-160
- DESCHARD Bernard, « Le combat de Leuze », dans : Histoire, économie et société, 1996, p.147-154
- ANQUETIL M., Vie du maréchal de Villars, tome premier, Paris : Chez Moutard, 1784, pp.50-53
- Allegemeine Geschichte der vereinigten Niederlande, Siebenter Theil, Leipzig : H.Weidmans, 1765, p.67
- Gazette de Lyon, 2 octobre 1691, Lyon : Chez Antoine Jullieron, pp.166-168