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Bataille
Bataille de Steenkerque (1692)

La consécration de la toute-puissance de Louis XIV sur ses adversaires, mais aussi la création d’une nouvelle mode : la cravate « à la Steinkerque ».

Bataille de Steenkerque (1692)

Informations sur la bataille

  • Steenkerque
Quand
3 août 1692
Conflit
  • Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1688-1697)
Parties belligérantes

Parties belligérantes

France
  • République des Sept Provinces-Unies des Pays-Bas
  • Angleterre
  • et nations alliées
Forces en présence
env. 70 000
env. 80 000
Victimes
  • env. 7000 tués et blessés
  • env. 1300 prisonniers
env. 6500 tués et blessés
Chefs des armées
François-Henri de Montmorency-Bouteville, duc de Piney-Luxembourg
Guillaume III d'Orange (roi d'Angleterre et Stathouder au sein de la République)

Synopsis

Au cours de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688-1697), aussi appelée guerre de Neuf Ans, qui opposa le roi Louis XIV à une puissante coalition, notamment formée des République des Sept Provinces-Unies des Pays-Bas et de l’Angleterre, le roi de France s’empara le 30 juin 1692, après un siège rapide, de l’importante place de Namur. Déçu de ne pas avoir pu secourir la cité assiégée, Guillaume III d’Orange-Nassau, Stathouder entre autres de Hollande et Zélande et aussi roi d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande, commandant les forces coalisées, choisit néanmoins de porter un coup décisif à l’armée française de François-Henri de Montmorency-Bouteville, duc de Piney-Luxembourg, aussi nommé « maréchal de Luxembourg », positionnée près de la ville d’Enghien.

Quittant leur camp de Tubize, les troupes de Guillaume III se mettent secrètement en route le 3 août 1692 vers les positions françaises, établies entre Steenkerque et Hérinnes-Lez-Enghien.
Leurré par le faux message d’un espion tombé aux mains du Stadhouder,
le maréchal de Luxembourg, informé de l’apparition d’effectifs ennemis, croit d’abord à une simple opération de recherche de fourrages. Très vite, cependant, ses avant-postes lui signalent que l’armée ennemie s’avance en nombre sur lui.
Luxembourg s’entête jusqu’à ce que finalement, il prenne enfin la décision de mettre son armée en bataille. Le temps presse. Devinant qu’une puissante attaque menace sa droite, près du petit village de Steenkerque, il ameute l’ensemble de ses unités. La brigade de Bourbonnais et le reste de son infanterie se positionne défensivement, tandis que Luxembourg appelle la cavalerie du général de Boufflers à venir le rejoindre au plus vite. Dans la précipitation, de nombreux officiers font simplement passer le bout de leur longue cravate par une boutonnière de leur habit, lançant une mode, qu’on appellera la « cravate à la Steinkerque ».

Carte (1695) de la Bataille de Steenkerque - Collection asble Le Tricorne

L’effort principal des forces coalisées se porte vers midi sur leur gauche face à l’aile droite française. Privé du gros de son artillerie alors à Mons, Luxembourg a fait disposer trois batteries françaises qui ouvrent des tirs nourris.

Les débuts du combat, favorables aux alliés, ramènent la première ligne française un peu en avant de Steenkerque. L’heure est critique. Sur les terrains conquis, les coalisés établissent des chevaux de frise pour mieux résister aux contre-attaques françaises qui ne tardent pas à se déclencher. Les brigades des Gardes françaises et suisses, ainsi que la brigade de Champagne, parviennent finalement à contenir et repousser l’ennemi au cours d’un combat acharné et sanglant.
L’apparition de la cavalerie de Boufflers et l’action des autres brigades d’infanterie poussent les alliés à ordonner un repli général vers les sept heures du soir.

Bataille de Steenkerque (Détail d'une gravure de Romain de Hooghe, Amsterdam, 1695, coll. asbl Le Tricorne)

La victoire est française. Les deux armées subissent une perte de quelque 7.000 tués et blessés pour les Français et de quelque 6.500 tués et blessés pour les Alliés. Outre la capture de 8 à 9 drapeaux, l’armée du roi de France fait également quelque 1.300 prisonniers. La victoire de Steenkerque confirme et assure au roi Louis XIV sa conquête de Namur sur une armée alliée, discréditée et plongée dans le doute sur les réelles capacités militaires de son chef. Le coup d’audace de Guillaume III avait en effet tourné au fiasco, non pas tant à cause de la valeur de ses troupes, que par le choix malencontreux de positionner son centre sur une plaine trop étroite qui avait compromis ses mouvements et permit aux Français de s’organiser défensivement.
Pour sa part, le maréchal de Luxembourg n’était pas exempt de critiques ; son entêtement, au début de la bataille, à ne pas tenir compte des rapports de ses avant-gardes, avait freiné le déploiement de ses troupes. La victoire du maréchal lui effaça cependant tout reproche aux yeux d’un roi de France, satisfait de la victoire et de cette brillante campagne de 1692 consacrant sa toute-puissance sur les coalisés.

 

Auteur: Alain Tripnaux, historien et président de l’ASBL Le Tricorne.

 

Littérature

  • LUXEMBOURG (maréchal de), Lettre de M. Le maréchal duc de Luxembourg au roy, camp de Hoües, 4 août 1692, Paris : François Barbier, 1692.
  • MONNIER Clément, « Le combat de Steenkerque, 3 août 1692 », dans : Les Annales du Cercle archéologique d’Enghien, tome second, Louvain : imprimerie veuve Lefever-Delahaye, 1883.
  • The Memoirs of the Marquess de Langallerie, Londres : R. Burrough and J. Baker, 1708.
  • Dictionnaire historique des sièges et batailles de l’histoire ancienne et moderne, tome troisième, Paris : Vincent, 1771.
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