Informations sur la bataille
- Mons
- Première Guerre mondiale
Royaume-Uni
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Allemagne
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Forces en présence |
80.000
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160.000
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Victimes |
1.638
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Environ 5.000
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Chefs des armées |
John French
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Alexander von Kluck
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Synopsis
Suite à la décision des Allemands d’attaquer la France en suivant le plan Schlieffen, établi par le général éponyme quelques années auparavant, et après le refus belge de l’ultimatum allemand d’accorder passage libre à leurs troupes, la frontière belge est violée le 4 août 1914. Devant cette atteinte à la neutralité garantie de la Belgique, le Royaume-Uni décide de déclarer la guerre à l’Allemagne et de venir au secours de notre pays. Ainsi, le corps expéditionnaire britannique (British Expeditionary Force, BEF) se rassemble dans le sud de l’Angleterre et débarque en France en se dirigeant en train et par route vers les troupes ennemies. Les divisions des forces expéditionnaires britanniques sont formées d’unités de Regulars, soldats de métier de l’armée du Royaume-Uni.
Dès leur arrivée à Mons, les Britanniques prennent connaissance, grâce à quelques éclaireurs, des positions allemandes. La Ie Armée allemande leur fait face. Ils décident alors de se barricader sur une ligne de front allant de Binche à Quiévrain. Parmi l’une des équipes d’éclaireurs cyclistes est présent le soldat John Parr, 17 ans, du Middlesex Regiment, qui sera porté disparu le 21 août. Il est inhumé au cimetière militaire de Saint-Symphorien près de Mons et est aujourd’hui considéré comme la première victime britannique de la Grande Guerre. D’autres escarmouches ont lieu rapidement avant même la journée fatidique du 23 août. La veille, des troupes de reconnaissance britanniques et allemandes se rencontrent au niveau de Casteau où les premiers coups de feu britanniques en Europe occidentale depuis la bataille de Waterloo sont tirés. Le même jour, les forces britanniques se positionnent au niveau du Canal du Centre et du Canal de Mons-Condé. L’artillerie de la BEF, quant à elle, est stationnée à Péronnes d’où les premiers coups de canons sont tirés, pendant que la cavalerie reste concentrée en réserve près de Quiévrain.

La bataille proprement dite se déroule les 23 et 24 août 1914 sur un front de plus de 40 kilomètres. Dès le matin, les premiers affrontements ont lieu à la gare d’Obourg. Les fusillades sont brèves. Les combats les plus virulents se déroulent vers Nimy. Le coude ou saillant entre Nimy et Obourg constitue un point stratégique de la défense car il est particulièrement difficile à protéger étant donnée la présence de nombreux ponts. Les Allemands vont profiter de cette situation géographique favorable, contrebalancée toutefois par la présence des troupes fraîches provenant du Royaume-Uni. Finalement, les Britanniques essayent de tenir leur position mais très rapidement, le pont-tournant de Nimy est remis en fonction grâce à la bravoure du soldat allemand Niemeyer. Ce dernier traverse à la nage le canal pour actionner le mécanisme et permettre aux troupes ennemies de franchir cette barrière naturelle. Au niveau du pont-rail, deux Britanniques, Dease et Godley, prouvent leur bravoure lorsque les troupes sont submergées par l’affluence continue des Allemands. Ce sont les deux premiers récipiendaires de la Victoria Cross de la Grande Guerre.
Les combats à Nimy sont si violents que les troupes du Kaiser, lorsqu’elles pénètrent dans le village, incendient plusieurs maisons et commencent à rassembler les habitants du village pour finalement les utiliser comme bouclier humain. Vers 14h30, il ne reste plus aucun soldat britannique près de Nimy, ils ont déjà tous battu en retraite vers Mons. Continuant leur avancée, les Allemands les suivent dans la même direction. Lors de leur entrée à Mons au niveau de la rue de Nimy, ils prennent d’autres civils pour les adjoindre aux otages provenant de Nimy.
Arrivés sur la Grand’Place, les Allemands ajoutent à leur groupe le bourgmestre Jean Lescarts. Vers 16h10, ils se retrouvent au niveau du Trou Houdart dans le haut de la rue de Bertaimont. C’est à cet endroit que les Britanniques décident de recevoir les Allemands. Lors de la fusillade, les civils affolés se jettent à terre, s’évadent en courant, rampent le long des façades vers tous les abris possibles. Quatre personnes sont tuées et plusieurs blessées sont à déplorer.

Toutefois, la bataille de Mons n’est pas encore finie, les Britanniques et les Allemands se battent toujours dans le village d’Hyon et à Jemappes. Les troupes britanniques vont encore montrer toute leur efficacité à la Bascule et au Bois-là-Haut. Sur ce retranchement, une poignée de soldats va permettre aux troupes de faire retraite en empêchant les Allemands de les encercler. C’est vraisemblablement à cet endroit que, selon la légende, seraient apparus les fameux « Anges de Mons ».
L’histoire des Anges de Mons est issue de la nouvelle d’Arthur Machen intitulée The Bowmen, parue dans The Evening News en septembre 1914. L’histoire raconte que les soldats britanniques auraient invoqué saint Georges, saint patron de l’Angleterre, et les fantômes archers de la bataille d’Azincourt seraient apparus et auraient permis aux soldats de battre en retraite. Arthur Machen ne situe pas le lieu de la bataille mais les similitudes avec la retraite de Mons sont remarquables. Cette nouvelle connaît un engouement assez important dans la population grâce aux éditeurs spécialisés en sciences surnaturelles mais surtout grâce aux bulletins paroissiaux qui réimprimèrent l’ouvrage comme un morceau de fiction patriotique. En août 1915, Machen réédite son ouvrage, il y ajoute une préface claire en y indiquant que son histoire était fictive et qu’il n’a aucun fondement avec la réalité. Cependant, le déni de Machen ne change pas la donne, la population croit encore ardemment à l’apparition des anges.

Le 24 août, les combats ont lieu vers Frameries et Audregnies où les troupes britanniques tentent de tenir leur position mais sont rapidement contraintes de battre en retraite. Ce fut le début d’un long recul vers la France qui s’achèvera finalement avec la bataille d’arrêt de la Marne. Les soldats britanniques ayant participé aux combats entre le 5 août et le 22 novembre 1914 recevront tous une médaille intitulée « 1914 Star », plus communément appelée la « Mons Star ». Lors de la bataille dite de Mons, les pertes britanniques sont d’environ 1.600 hommes dont la moitié ont été faits prisonniers. Le nombre de victimes allemandes atteint environ 5.000 tués, blessés ou disparus.
À la suite du départ des Britanniques, les habitants de la région se retrouvent sous la domination allemande et commence pour eux une période de privation alimentaire et de liberté. Il fallut attendre plus de 50 mois pour que les troupes du Commonwealth, essentiellement canadiennes, libèrent finalement la Ville de Mons.
La bataille de Mons du 23 août 1914 résonne encore aujourd’hui dans la mémoire britannique. Les commémorations du centenaire qui se sont déroulées au cimetière militaire de Saint-Symphorien le 4 août 2014 en sont la preuve.
Auteur : Corentin Rousman, conservateur Mémoire et Histoire Militaire au Pôle Muséal de la Ville de Mons
Littérature
- BOURDON Yves, Le premier choc. La Bataille de Mons 23-24 août 1914, Mere: De Krijger, 2014.
- CAVE Nigel et HORSFALL Jack, Mons, 1914, Barnsley: Pen & Sword, 2000.
- Étude sur la Première Guerre mondiale, 1914-1918, La Grande Guerre à Mons et dans sa région, Waterloo: Avant-propos, 2015.
- CLARKE David, Rumours of Angels : A Legend of the First World War, in Folklore, n° 113, Londen, 2002
- LHOIR Olivier, La vie quotidienne à Mons durant la Première Guerre mondiale, mémoire de Licence en Histoire, Louvain-la-Neuve, 1983.
- JOURET Alain, Dour 1914-1918. Entre larmes et espérances. À Dour et aux alentours, Saint-Ghislain : Cercle d'histoire et d'archéologie de Saint-Ghislain et de la région, 2011.