Un site web du War Heritage Institute

Bataille
Bataille de Mons (1914)

99 ans après Waterloo, les Britanniques se battent à nouveau sur le sol belge !

Bataille de Mons (1914)

Informations sur la bataille

  • Mons et région (allant de Binche jusqu’à Quiévrain)
Quand
23 et 24 août 1914
Conflit
  • Première Guerre mondiale
Parties belligérantes
Royaume-Uni
Allemagne
Forces en présence
80 000
160 000
Victimes
1638
env. 5 000
Chefs des armées
John French
Alexander von Kluck

Synopsis

Après avoir décidé d’attaquer la France en suivant le plan Schlieffen, établi quelques années auparavant par le général du même nom, et s’être vu essuyer un refus des Belges d’accorder libre passage à leurs troupes, les Allemands violent la neutralité de la Belgique en franchissant sa frontière, le 4 août 1914 Devant cette atteinte à la neutralité garantie de la Belgique, le Royaume-Uni décide de déclarer la guerre à l’Allemagne et de se porter au secours de notre pays.
Après s’être rassemblé dans le sud de l’Angleterre, le corps expéditionnaire britannique (British Expeditionary Force, BEF) débarque en France et part à la rencontre des troupes ennemies, en train et par route. Les divisions des forces expéditionnaires britanniques sont formées d’unités de Regulars, c’est-à-dire de soldats de métier de l’armée du Royaume-Uni.

Dès leur arrivée à Mons, les Britanniques sont informés des positions allemandes par quelques éclaireurs. La 1e Armée allemande leur fait face. Ils décident alors de se barricader sur une ligne de front allant de Binche à Quiévrain. Parmi l’une des équipes d’éclaireurs cyclistes, le soldat John Parr, du Middlesex Regiment, est porté disparu le 21 août, à seulement 17 ans. Inhumé au cimetière militaire de Saint-Symphorien, près de Mons, il est aujourd’hui considéré comme la première victime britannique de la Grande Guerre. Avant la journée fatidique du 23 août, d’autres escarmouches s’enchaînent. La veille, des troupes de reconnaissance britanniques et allemandes se rencontrent à hauteur de Casteau, où retentissent les premiers coups de feu britanniques en Europe occidentale depuis la bataille de Waterloo. Le même jour, les forces britanniques se positionnent au niveau du canal du Centre et du canal de Mons-Condé. L’artillerie de la BEF, quant à elle, est stationnée à Péronnes, d’où les premiers coups de canon sont tirés. Pendant ce temps, la cavalerie reste concentrée en réserve près de Quiévrain.

bataille des frontières_ill3

La bataille proprement dite se déroule les 23 et 24 août 1914, sur un front de plus de 40 kilomètres. Dès le matin, les premiers affrontements ont lieu à la gare d’Obourg. Les fusillades sont brèves. Les combats les plus virulents se déroulent vers Nimy. Le coude (ou saillant) entre Nimy et Obourg constitue un point stratégique de la défense car il est particulièrement difficile à protéger étant donnée la présence de nombreux ponts. Les Allemands vont profiter de cette situation géographique favorable, contrebalancée toutefois par la présence des troupes fraîches provenant du Royaume-Uni. Finalement, les Britanniques essayent de tenir leur position mais très rapidement, le pont-tournant de Nimy est remis en fonction grâce à la bravoure du soldat allemand Niemeyer. Ce dernier traverse à la nage le canal pour actionner le mécanisme et permettre aux troupes ennemies de franchir cette barrière naturelle. Au niveau du pont-rail, deux Britanniques, Dease et Godley, prouvent leur bravoure lorsque les troupes sont submergées par l’affluence continue des Allemands. Ils seront les deux premiers récipiendaires de la Victoria Cross de la Grande Guerre. 

Les combats à Nimy sont si violents que les troupes du Kaiser, lorsqu’elles pénètrent dans le village, incendient plusieurs maisons et commencent à rassembler les habitants du village pour finalement les utiliser comme bouclier humain. Vers 14h30, il ne reste plus aucun soldat britannique près de Nimy. Tous ont déjà tous battu en retraite vers Mons. Continuant leur avancée, les Allemands les suivent dans la même direction. Lors de leur entrée à Mons au niveau de la rue de Nimy, ils prennent d’autres civils pour les adjoindre aux otages provenant de Nimy.

Arrivés sur la Grand’Place, les Allemands prennent également en otage le bourgmestre Jean Lescarts. Vers 16h10, ils se retrouvent au niveau du Trou Houdart dans le haut de la rue de Bertaimont. C’est à cet endroit que les Britanniques décident de recevoir les Allemands. Lors de la fusillade, les civils affolés se jettent à terre, s’évadent en courant, rampent le long des façades vers tous les abris possibles. Quatre personnes sont tuées et plusieurs blessés sont à déplorer.

Mons_ill1

Toutefois, la bataille de Mons n’est pas encore finie. Les Britanniques et les Allemands se battent toujours dans le village d’Hyon et à Jemappes. Les troupes britanniques vont une nouvelle fois montrer leur efficacité à la Bascule et au Bois-là-Haut. Sur ce retranchement, une poignée de soldats va permettre aux troupes de faire retraite en empêchant les Allemands de les encercler. C’est vraisemblablement à cet endroit que, selon la légende, seraient apparus les fameux « Anges de Mons ».

L’histoire des Anges de Mons est issue de la nouvelle d’Arthur Machen intitulée The Bowmen, parue dans le journal londonien The Evening News en septembre 1914. L’histoire raconte que les soldats britanniques auraient invoqué saint Georges, saint patron de l’Angleterre, et que les fantômes des archers de la légendaire bataille d’Azincourt (gagnée par les Anglais en 1415) seraient apparus et auraient permis aux soldats de battre en retraite.
Arthur Machen ne situe pas le lieu de la bataille mais les similitudes avec la retraite de Mons sont remarquables. Cette nouvelle connaît un engouement assez important auprès de la population grâce aux grands propagateurs de légendes que sont les éditeurs spécialisés en sciences surnaturelles, mais surtout grâce aux bulletins paroissiaux qui réimpriment l’ouvrage en tant que  fiction patriotique. En août 1915, Machen réédite son ouvrage. Il y ajoute une préface claire en y indiquant que son histoire était fictive et qu’il n’a aucun fondement avec la réalité. Cependant, le déni de Machen ne change pas la donne, la population croit encore ardemment à l’apparition des anges.

bataille de Mons_ill 3

Le 24 août, les combats ont lieu autour de Frameries et d'Audregnies, où les troupes britanniques tentent de tenir leur position mais sont rapidement contraintes de battre en retraite.

Ce fut le début d’un long recul vers la France, qui s’achèvera finalement avec la bataille d’arrêt de la Marne. Les soldats britanniques ayant participé aux combats entre le 5 août et le 22 novembre 1914 recevront tous une médaille intitulée « 1914 Star », plus communément appelée la « Mons Star ». Lors de la bataille dite de Mons, les pertes britanniques sont d’environ 1600 hommes dont la moitié ont été faits prisonniers. Le nombre de victimes allemandes atteint environ 5000 tués, blessés ou disparus.

À la suite du départ des Britanniques, les habitants de la région se retrouvent sous la domination allemande. Commence alors pour eux une période de privation alimentaire et de liberté. Il fallut attendre plus de 50 mois pour que les troupes du Commonwealth, essentiellement canadiennes, libèrent finalement la ville de Mons.

La bataille de Mons du 23 août 1914 résonne encore aujourd’hui dans la mémoire britannique. Les commémorations du centenaire qui se sont déroulées au cimetière militaire de Saint-Symphorien le 4 août 2014 en sont la preuve.

 

Auteur : Corentin Rousman, conservateur Mémoire et Histoire Militaire au Pôle Muséal de la Ville de Mons

 

Littérature

  • BOURDON Yves, Le premier choc. La Bataille de Mons 23-24 août 1914, Mere : De Krijger, 2014.
  • CAVE Nigel et HORSFALL Jack, Mons, 1914, Barnsley: Pen & Sword, 2000.
  • Étude sur la Première Guerre mondiale, 1914-1918, La Grande Guerre à Mons et dans sa région, Waterloo : Avant-propos, 2015.
  • CLARKE David, Rumours of Angels: A Legend of the First World War, in Folklore, n° 113, Londen, 2002
  • LHOIR Olivier, La vie quotidienne à Mons durant la Première Guerre mondiale, mémoire de Licence en Histoire, Louvain-la-Neuve, 1983.
  • JOURET Alain, Dour 1914-1918. Entre larmes et espérances. À Dour et aux alentours, Saint-Ghislain : Cercle d'histoire et d'archéologie de Saint-Ghislain et de la région, 2011.