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Bataille
Bataille de Jemappes (1792)

La France s'empare (temporairement) de la « Belgique ».

Bataille de Jemappes (1792)

Informations sur la bataille

  • Jemappes (Mons)
Quand
6 novembre 1792
Conflit
  • Guerres révolutionnaires françaises
Parties belligérantes
Autriche
France
Forces en présence
15 000
40 000
Victimes
env. 300 morts et 500 blessés
env. 650 morts et 1300 blessés
Chefs des armées
Albert de Saxe-Teschen
Charles Dumouriez

Synopsis

Le 20 avril 1792, la France déclare la guerre au « roi de Bohême et de Hongrie » à savoir François II, souverain des Pays-Bas autrichiens (la région autonome, comparable à la Belgique actuelle mais sans la principauté de Liège, sous l’autorité de la branche autrichienne de la maison de Habsbourg depuis 1713). L’objectif de la France révolutionnaire est de défendre son territoire par une guerre offensive dont l’objectif est, dit-elle, de libérer les populations du joug impérial. Les troupes autrichiennes, et plus particulièrement l’infanterie des régiments « wallons » (des unités permanentes stationnées dans les Pays-Bas méridionaux, composées en grande partie d’hommes originaires de nos provinces) sont dispersées le long de la frontière pour défendre le territoire de toute incursion française.

Le début des opérations militaires se solde par plusieurs échecs des Français en Hainaut et dans le Tournaisis, alors que les Autrichiens réalisent plusieurs fructueuses en France. Les troupes prussiennes, alliées de l’Autriche, se dirigent vers Paris mais sont mises en déroute lors de la bataille de Valmy, le 20 septembre. Cette victoire française renforce l’euphorie révolutionnaire et celles des légions belges et liégeoises qui ont rejoint ses rangs. Les troupes impériales autrichiennes lèvent le siège de Lille et retournent en Belgique.
Le général français Charles Dumouriez, commandant de l’Armée du Nord, ayant une très bonne connaissance des griefs de la population belge suite à sa participation lors de la Révolution des États-Belgiques-Unis de 1789, publie, le 26 octobre, un Manifeste aux peuples de la Belgique, afin de rallier la population locale aux idéaux révolutionnaires. Il promet le respect de la souveraineté des peuples des provinces Belgiques et la non-ingérence de la République française dans l’organisation que ceux-ci se donneront. Toutefois, l’adhésion aux idées révolutionnaires dans les Pays-Bas autrichiens n’a pas été à la hauteur de ce qu’escomptait les révolutionnaires.

Tableau de Henry Scheffer de la Bataille de Jemappes, conservé au Château de Versailles

Les troupes impériales ne savent pas par où les révolutionnaires vont pénétrer sur le territoire belge. Elles sont éparpillées le long de la frontière mais pressentent une attaque sur la capitale du Hainaut. Mons est une ville ouverte depuis le démantèlement de ses fortifications, ordonné en 1782 par Joseph II. Par conséquent, les Autrichiens se positionnent sur les hauteurs du bois de Flénu, à Jemappes, qui leur offre une protection naturelle. Des fortifications de campagne y sont construites dès le mois d’octobre. Les soldats se chauffent à la houille, déjà extraite dans le Borinage.

Albert de Saxe-Teschen, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens, a bien pressenti les choix tactiques des Français car c’est bien vers Mons que les troupes de Dumouriez avancent. Ces dernières, peu expérimentées et peu obéissantes, sont plus de deux fois supérieures en nombre aux armées retranchées à Jemappes.

Les combats débutent dès le matin du 6 novembre, par des assauts successifs des troupes françaises. Les positions autrichiennes, fournies de nombreuses pièces d’artilleries, surplombent la plaine et rendent difficiles les attaques ennemies. En fin d’après-midi, les troupes autrichiennes sont néanmoins contraintes d’ordonner la retraite. Elles quittent le champ de bataille et prennent la route de Bruxelles. Les Français remportent dès lors la victoire mais au prix d’âpres combats et de pertes humaines supérieures à celles du camp adverse.

Les autorités de Mons, dont la prise reste l’enjeu, ont fait mettre des barricades devant les différentes portes de la ville. Le soir même de la victoire à Jemappes, les Français envoient deux sommations aux quelques Autrichiens encore présents dans la cité, sans résultat. Le lendemain, 7 novembre, Dumouriez somme de nouveau la ville de se rendre. Il fait placer une batterie de canons qui persuade les Montois d’ouvrir les portes. Les Français entrent dans la ville et prennent de facto possession des Pays-Bas autrichiens. Ceux-ci repasseront sous l’autorité autrichienne en 1793.

"Action du 6 Nov. 1792. Bataille dans les bois de Flana [= Flénu] près de Mons: champ de batatille gagné par les Français sur les Autrichiens", Paris chez Fillion et Valmont, s.d. [1795], BUMONS, Estampes, n° 1097-02.

La mémoire de bataille de Jemappes est particulièrement importante dans la constitution de la République française comme première victoire révolutionnaire française en dehors du territoire national. Lors de l’annexion de nos régions à la France, le nouveau département sur le territoire du Hainaut prend le nom de « Jemmapes ». De nombreux tableaux présentent la bataille de Jemappes dans la galerie des batailles à Versailles, un bas-relief de l’arc de triomphe expose la victoire de « Jemmapes » et l’un des quais de Paris porte le nom de cette bataille.

En 1911, dans le cadre des questions linguistiques en Belgique, un monument à la mémoire de la victoire française y est aménagé. C’est un obélisque en pierre surplombée par un coq gaulois en fonte. Il est inauguré par les membres du Mouvement wallon à l’occasion du Congrès international des Amitiés françaises. Lors de la bataille de Mons du 23 août 1914, les troupes allemandes font dynamiter le coq. Il sera réinstallé en 1922 et inauguré en grande pompe, en présence des autorités françaises.   

 

Auteur : Corentin Rousman, Mons Memorial Museum.

 

Littérature

  • HEIRWEGH Jean-Jacques, “De Jemappes à Fleurus ”, dans : La Belgique française, 1792-1815, Bruxelles : Crédit communal, 1993, pp. 15-39.
  • RAXHON Philippe, La mémoire de la Révolution française en Belgique. Entre Liège et Wallonie, Charleroi : Labor, 1996.
  • MARCHESANI Frédéric, Sur les traces de la Wallonie française, Namur : Institut du Patrimoine wallon, 2015.
  • ROUSMAN Corentin, “Relations des entrées à Mons des troupes françaises en 1792 et des Cosaques en 1814. Aperçu a posteriori de ces événements à travers des témoins directs”, dans : Annales du Cercle archéologiques de Mons, tome 83, 2016, pp.177-200.
  • COLSON Bruno, Les belges dans l’armée des Habsbourg, régiments et personnalités militaires des Pays-Bas autrichiens, 1756-1815, Vienne : Verlag Militaria, 2020.
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