Informations sur la bataille
- provinces de Luxembourg, de Namur, régions de Charleroi et Mons
- Première Guerre mondiale
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Allemagne
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Forces en présence |
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Victimes |
Environ 110.000 (tués, blessés et disparus)
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Environ 55.000 (tués, blessés et disparus)
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Chefs des armées |
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Helmuth von Moltke
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Synopsis
Avant le déclenchement officiel de la Première Guerre mondiale, les différentes nations belligérantes avaient déjà préparé leurs plans d’action. Celui de l’Allemagne, surnommé le « plan Schlieffen », prévoyait de concentrer la majorité des troupes à l’ouest et de passer par la Belgique, pourtant neutre, afin de déborder l’armée française. La France, quant à elle, applique un plan résolument offensif, « le plan XVII », afin de ne pas perdre l’initiative. Ce plan tient en compte la possibilité d’une violation de la neutralité belge et organise la concentration de l’armée à la frontière franco-belge et franco-allemande dans le but de lancer rapidement une offensive en Haute-Alsace, en Lorraine et au nord de la Moselstellung (ligne fortifiée construite en Moselle par l’Allemagne). En cas d’attaque allemande de la Belgique, le général Joffre et son état-major prévoyaient, outre celles en Lorraine et en Alsace, une offensive à travers le Luxembourg belge et la région de Thionville.
Le 2 août 1914, la France et l’Allemagne, qui ne sont pas encore officiellement en guerre, mettent leurs troupes en mouvement. Une partie de l’armée allemande pénètre en Belgique deux jours plus tard, violant sa neutralité. Les 3ème, 4ème et 5ème Armées françaises entrent alors en Belgique, à la demande du gouvernement belge, afin de contrer l’offensive ennemie. Le corps expéditionnaire britannique (BEF), quant à lui, débarque en France et rejoint Maubeuge.
Malgré sa résistance, l’armée belge ne peut enrayer l’avancée allemande sur son territoire, et le 18 août le roi Albert 1er ordonne alors le repli de ses troupes sur le réduit national d’Anvers.
La Bataille des Frontières, sur le sol belge, correspond à une succession d’affrontements dans le Luxembourg belge, à Charleroi et à Mons entre une partie de l’armée française (secondée par la BEF) et une partie des forces allemandes.
Persuadé que le centre allemand, qui se trouve dans le sud-est de la Belgique, est plus faible que ses ailes, Joffre ordonne le 20 août une offensive des 3ème et 4ème Armées dans les Ardennes belges afin d’encercler le centre allemand. Ses renseignements étaient erronés, car, les Allemands, plus nombreux que prévu, avaient, dès le 19 août, renforcé leurs positions défensives.

© Lvcvlvs CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons
Après quelques escarmouches dans la journée du 21 août, c’est véritablement le lendemain qu’ont lieu les affrontements dans le sud de la province du Luxembourg. La 4ème Armée française devait traverser la Semois et marcher vers Neufchâteau tandis que la 3ème devait avancer vers Arlon. Les différents corps d’armée de cette dernière subissent de lourdes pertes sous les tirs d’artillerie allemands (à Ethe et Virton notamment) ce qui les empêche de progresser. Pour ce qui est de la 4ème Armée, certaines de ses unités parviendront jusqu’à Neufchâteau mais se retrouveront, elles aussi, confrontées à des troupes allemandes solidement retranchées et protégées par leur artillerie. La 4ème Armée subit de lourdes pertes tant au niveau humain que matériel : à Rossignol par exemple, la deuxième et la troisième division du corps colonial perdent près de 11 000 hommes sous les tirs ennemis en une seule journée. Le 22 août 1914 reste encore aujourd’hui le jour le plus meurtrier de l’histoire de l’armée française. A la fin de la journée du 23 août, la quasi-totalité des troupes des 3ème et 4ème armées ont reculé jusqu’à leur position initiale, dans le département des Ardennes françaises.
De son côté, la 5ème armée française se déploie dans la vallée de la Sambre (entre Charleroi et la position fortifiée de Namur, défendue par la 4ème division belge), ainsi qu’entre Givet et Dinant, le long de la Meuse et se trouve ainsi devant la 2ème Armée allemande. Le 21 août, celle-ci, par le truchement de la Garde prussienne, appuyée par l’artillerie qui s’est installée sur des positions surélevées de l’autre côté de la Sambre, parvient à faire reculer la ligne française en s’emparant des ponts d’Auvelais et d’Arsimont. Le lendemain, la 5ème Armée française tente, avec le Xe corps, de reprendre les positions qu’il a perdues tandis qu’une partie du Ier corps se lance à l’attaque d’Ham-sur-Sambre. Ils sont repoussés avec de nombreuses pertes au-delà de Fosses. Du côté allemand, le Xe corps hanovrien attaque Charleroi, s’empare du pont de Tamines et parvient à faire reculer les IIIe et XVIIIe corps français.
Le 23 août, dernière journée des affrontements dans la région de Charleroi et Dinant, le déjà mentionné Ier corps français tente de prendre le flanc la Garde prussienne à Sart-Saint-Laurent et à Saint-Gérard mais doit finalement renoncer et revenir à sa position le long de la Meuse (entre Namur et Dinant) lorsque des troupes de la troisième armée allemande traversent le fleuve et attaquent Dinant, Yvoir, Hastière et Houx. Les Français tentent tant bien que mal de repousser l’offensive de la deuxième armée allemande mais sont forcés de battre en retraite car leur flanc droit est menacé par l’avancée de la troisième armée allemande.
C’est le même jour qu’ont lieu les combats de Mons, opposant le corps expéditionnaire britannique (BEF) du maréchal John French et la première armée allemande. Malgré une résistance opiniâtre, les Britanniques doivent se replier suite à la retraite de la 5ème Armée française qui se trouvait au flanc droit des britanniques.

C’est ainsi que se clôture la bataille de Mons ainsi que les évènements belges de la bataille des Frontières. En effet, les combats de la bataille des Frontières se déroulent aussi dans le nord-est de la France. Ce mois d’août fut particulièrement meurtrier pour les troupes du maréchal Joffre qui, dans les affrontements en Belgique, perdent plus de 110.000 hommes (morts, blessés, disparus ou capturés), pour 50.000 du côté allemand. A ce bilan s’ajoutent plusieurs centaines de civils massacrés par les troupes allemandes à Ethe, Dinant et d’autres localités.

Par la suite, l’armée française et ses alliés britanniques vont opérer une manœuvre de retraite, qui durera une quinzaine de jours et au cours de laquelle ils affronteront leurs poursuivants allemands aux batailles du Cateau (26 août) et de Guise (29 août). Le retrait prend fin lorsque les forces franco-britanniques arrivent sur la Marne et y établissent une ligne de défense de 225 km entre Paris à l’ouest et Verdun à l’est. Anglais, Français et Allemands s’affrontent du 5 au 12 septembre lors de la célèbre bataille de la Marne, qui stoppe l’avancée allemande aux portes de Paris.
Auteur: Simon Cools, étudiant de Master en histoire à l'UCLouvain
Littérature:
- ALEXANDRE Simon, AMARA Michaël, ANTIER-RENAUD Chantal, La bataille de Charleroi, 100 ans après : actes de colloque, Charleroi, 22 et 23 août 2014, Bruxelles: Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 2014.
- DELHEZ Jean-Claude, La bataille des Frontières : Joffre attaque au centre 22-26 août 1914, Paris: Economica, 2013.
- DELHEZJean-Claude, Les batailles de Virton et Rossignol racontées par les combattants, Thonne-la-Long, 2006.
- DOUGTHY A. Robert, Pyrrhic victory: French Strategy and Operations in the Great War, Cambridge: Belknap Press, 2005.
- DREVILLON Hervé, WIEVIORKA Olivier, Histoire militaire de la France. II. De 1870 à nos jours, Paris: Perrin, 2018.
- MANGIN Pierre, À feu et à sang, août 1914 : la bataille des frontières : Pont-à-Mousson, Jarny, Briey, Étain, Spincourt, Longuyon, Longwy, Virton, Ethe, Thionville:Fensch vallée, 2008.
- NIEBES Pierre-Jean, 14-18 : la Grande Guerre à Mons et dans sa région, Waterloo: Avant-Propos, 2015.
- OSBORNE Mark, MAKER John, Germany's Western Front: Translations from the German Official History of the Great War, 1914, Part 1. The Battle of the Frontiers and Pursuit to the Marne, Waterloo: Laurier Center for Military Strategic, 2013.
- SAINT-FUSCIEN Emmanuel, Baldin Damien, Charleroi, 21-23 août 1914, Paris: Tallandier, 2012.
- SENIOR Ian, Invasion 1914. The Schlieffen Plan to the Battle of the Marne, Oxford: Osprey Publishing, 2014.
- ZUBER Terence, The Battle of The Frontiers: Ardennes 1914, Cheltenham: The History Press, 2007.